Non pas chercher à faire disparaitre le problème, mais bien trouver un équilibre. Pour moi, il ne s'agit plus de savoir si on est sain ou malade, mais de réaliser qu'on est en permanente recherche d'équilibre, et notre corps peut exprimer de plus ou moins grands déséquilibres selon les périodes que l'on traverse. Ça a été un sacré rappel que corps est vivant. Ces dernières années, j'ai expérimenté beaucoup de choses. D'abord un rythme effréné de tournées de projections et stages qui m'ont fait prendre conscience de l'impact sur ma santé. Ne prêtant pas attention à mes limites, j'ai poussé mon corps dans ses retranchements. Après une sensation d'effondrement, j'ai vécu beaucoup de hauts et de bas, et comme tous mes symptômes étaient invisibles à l'oeil nu, il m'était difficile de comprendre ce qui se passait à l'intérieur de moi. Mon corps semblait agir de lui-même avec des rouages cassés, je subissais mes symptômes et je me sentais désemparée, je ne savais pas quoi faire pour améliorer la situation. Mon corps semblait être sur pause, et lui qui avait toujours tout accepté sans rechigner, je ne comprenais pas - et n'acceptais pas - ce soudain revirement de situation! Mais à travers cette expérience, j'ai découvert beaucoup de parallèles entre notre relation au corps et notre relation avec le cheval. ![]() On peut choisir d'avoir une relation d'écoute avec lui, ou bien de simplement lui faire faire ce qu'on a prévu en lui disant de se taire. Le traiter comme un outil, un véhicule, jusqu'au jour où le mal être est tellement grand qu'il nous explose à la figure. Et on se rend alors compte qu'on n'a pas su écouter les signaux précurseurs, car on n'a pas pris soin de cette relation. Réalisant tout cela, j'ai alors maladroitement tenté ces dernières années d'appliquer les grandes leçons que j'ai apprises avec les chevaux depuis une quinzaine années à ma relation au corps : avec mon lot d'essais et d'erreurs, j'ai ouvert mes oreilles et j'ai commencé à écouter ses murmures. Je me suis instruite sur sa manière de fonctionner, sa complexité, ses réactions et ses failles. Et comme avec les chevaux, j'ai repris une notion fondamentale : OBSERVER. J'ai passé beaucoup de temps à observer ce qui se passait en moi de manière subtile : ce qui semblait déclencher telle ou telle réaction, comment les réactions en chaîne semblaient se produire dans mon corps, en prenant mon corps comme une entité globale, complexe où beaucoup de systèmes cohabitent et s'influencent. Bien sûr, j'ai aussi été chercher de l'aide à l'extérieur! Parfois fructueux, parfois pas, j'amassais en tout cas les informations qui résonnaient avec ce que je vivais. Et je complétais le reste par mon observation et mon intuition. C'était très frustrant et décourageant de ne pas toujours avoir les réponses ou de ne pas voir de progrès, mais je devais changer quelque chose, c'était clair. J'ai donc décidé de vraiment me mettre en pause et de prendre des grands temps de repos, où j'ai découvert les joies des retraites et du jeûne. J'avais déjà expérimenté cela mais pas de manière aussi consciente ni sereine. J'ai pu revenir dans un rythme de vie plus naturel, contemplatif et en conscience. Petit à petit, j'ai commencé à prendre le temps de retrouver un rythme en lien avec mon corps et son environnement, même dans les périodes plus "chargées" de travail. Je me suis ouverte encore plus aux sensations corporelles et j'ai réalisé beaucoup plus finement le nombre d'informations qu'elles nous donnent, et à quel point elles nous aident à écouter notre intuition. J'ai réalisé à quel point dans mon ancienne vie, j'avais développé une habituation au stress, et à quel point celui-ci affecte tout mon corps et mes pensées. J'ai commencé à ne plus voir mon corps seulement comme un moyen de locomotion, un outil qui me permet d'accomplir ce que veut mon mental, mais bien comme un organisme vivant à part entière, avec qui je suis en relation tout le temps et que j'impacte - par mes pensées, actions, émotions- autant qu'il m'impacte. Après des essais/erreurs parfois radicaux, j'ai appris à moduler mon impatience, ma frustration et ma douleur, j'ai cherché la résilience en moi pour accepter son état actuel et lui laisser le temps. Le temps nécessaire pour intégrer, pour changer, pour se reconstruire, pour se régénérer, au rythme dont il avait besoin. Rester à l'écoute. Prendre soin de lui. J'ai aussi compris que ses objectifs n'étaient pas toujours les miens. Qu'il fallait faire des compromis. Et ACCEPTER quand il me dit non parfois parce que c'est trop, c'est au-delà de ce qu'il peut m'offrir. Et comme avec les chevaux, plus on attend qu'il nous donne des signes forts de mal être, plus retrouver l'équilibre est long et fastidieux. Ça demande patience, persévérance, confiance en sa capacité à évoluer, même quand on a l'impression qu'il ne se passe rien ou quand on est dans un grand inconfort. Ne pas toujours poser une action pour changer la situation. Ça c'est difficile pour moi, mon côté proactif me donne envie de FAIRE quelque chose pour que ça aille mieux. Et des fois c'est nécessaire, mais les résultats n'arrivent pas du jour au lendemain. C'est comme jardiner. Des fois, la plante va commencer à pousser, et puis finalement elle va se faire attaquer par un insecte ou ne pas survivre à un changement de température. Mais nous apprenons de tout cela, et nous recommençons avec patience le processus, enrichi de ces expériences, on essaye autre chose et on attend de voir ce qu'il va se passer. Bien sûr, déception et frustration entrent souvent en jeu et peuvent nous être très utiles, mais cela nous apprend à voir tout cela comme un cycle d'évolution. Ça nous reconnecte au vivant en nous et autour de nous. Comme avec les chevaux, au lieu de me frustrer qu'il ne fasse pas ce que je demande et donc de lui en vouloir, je me mets à l'écoute de ses besoins. Parfois je reçois le message clairement, parfois moins, et je m'adapte en restant à l'écoute. Cet équilibre n'est jamais acquis, aujourd'hui j'en suis consciente. C'est une relation vivante, qui bouge, qui évolue, qui s'adapte. Grâce à toutes ces expériences, quoi qu'il arrive je ressens de la gratitude pour tout ce que mon corps m’offre au quotidien, je reste à l'écoute et je m’émerveille de sa biologie complexe et de ses capacités d’adaptation qui font des miracles tous les jours. Alors écoutez votre corps, il est un allié précieux. Nourrissez cette relation bienveillante au quotidien pour plus de sérénité et de connexion avec vous-même !
2 Comments
Jousse Sandrine
6/16/2022 12:46:14 am
Bonjour Leïla et merci pour cet article .
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Merci Leïla pour ce partage qui résonne tout particulièrement en moi... Je traverse les mêmes étapes et états dans ma relation avec moi même et mon corps depuis qq années... J'essaie d'entendre ses appels, de sentir de quoi il a besoin, de lire les messages qu'il me donne à travers les maux...
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Leïla PagèsAventurière nomade et coach, j'aime partager mes expériences de vie et vous accompagner dans vos transitions de vie. Archives
February 2024
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